Histoire

1 ) Le Village

L’origine du nom est incertaine : selon certains historiens, le nom de ‘Laurac’ pourrait provenir d’un gaulois ou d’un vétéran romain nommé « Laurus » qui avait élu domicile ici. Pour d’autres, le nom ferait référence à un endroit planté de lauriers (famille des lauracées).

La mention de lieu ou de personnages portant le nom de Laurac apparaît dans les archives du XIème siècle ; en 1070, il y est noté l’existence du château de Laurac (« castrum Laurag ») sous l’autorité du comte de Carcassonne. Et, en 1071, le castrum fait l’objet d’une transaction féodale entre les comtes de Toulouse et de Barcelone ; ce qui indique son importance militaire et politique. Le château primitif, aujourd’hui disparu mais attesté sur le compoix du XVIIIème siècle comme « château démoly » était construit au sommet d’une motte castrale ce qui en faisait un endroit stratégique pour contrôler les environs. Et Laurac devint une seigneurie qui a donné son nom à la région « Lauragais ».

Vestiges des anciennes fortifications (toujours présents aujourd’hui)

Au début du XIIIème siècle, la seigneurie de Laurac est très importante ; elle a, à sa tête, Aimery de Laurac et de Montréal, l’un des seigneurs les plus puissants de la région, dont Guillaume de Tudèle dit dans ‘La Canso’ (chanson de la croisade contre les albigeois) :

« Il n’y avait ni dans le Toulousain, ni dans le reste du Comté de Toulouse, chevalier plus riche que lui, ni plus large dans ses dépenses, ni de plus grande noblesse . »

En 1211, Simon de Montfort s’empare de Laurac qui abritait des communautés de cathares et même des ‘parfaits’ comme Blanche de Laurac. Après la croisade, un acte signé à Montargis (en 1242) entre le roi de France et les Comtes de Foix et Toulouse stipule la libération de prisonniers sur les terres de ces Comtes et notamment à Laurac, ce qui prouve qu’en 1242 le château féodal et sa prison existaient encore, malgré l’ordre de destruction donné en 1229 par le roi Louis IX.

En 1272, Laurac et la région toulousaine passent sous la dépendance du roi de France et le château originel serait devenu château royal à cette époque. En 1477, est créé le comté du Lauragais dont fait partie Laurac, et la jugerie du Lauragais échoit à Bertrand de la Tour. Quelques années plus tard, Catherine de Medicis hérite du comté qu’elle érige en sénéchaussée ducale en 1551, puis en sénéchaussée royale avec siège présidial et sept sièges subalternes dont Laurac le Grand. Lors de la création des départements, districts et cantons, après la révolution française de 1789, Laurac le Grand a été temporairement institué chef-lieu de canton et comptait environ 600 habitants. Aujourd’hui Laurac le Grand a perdu sa splendeur du passé mais le village surplombant la plaine du Lauragais est inscrit à l’inventaire des sites pittoresques de l’Aude depuis le 26 avril 1946.

La mare (début XXème siècle) ; anciens fossés.

2 ) Les personnages illustres

En premier lieu, il faut citer AIMERY de LAURAC et de MONTREAL. Il était seigneur de Laurac et il est mort en mai 1211 après la prise de Lavaur par Simon de Montfort.

Sa mère Blanche de Paracols, devenue BLANCHE de LAURAC par mariage, était une parfaite cathare. Elle a eu cinq enfants : Aimeric, Guiraude, Esclarmonde, Navarre et Mabilia.

GUIRAUDE est devenue la femme du seigneur de Lavaur. Elle était cathare et les croisés l’ont jetée dans un puits après le siège de Lavaur, en mai 1211.

NAVARRE est devenue la femme du seigneur de Servian et ESCLARMONDE celle du seigneur de Niort de Sault.

MABILIA, quant à elle est devenue parfaite auprès de sa mère.

Issu de cette famille, il faut aussi mentionner BERNARD-OTHON de NIORT, l’un des fils d’Esclarmonde, qui était seigneur de Laurac de 1226 à 1238, date à laquelle il fût condamné pour hérésie.

HUGUES de LACY, 1er comte d’Ulster a également marqué l’histoire de Laurac puisqu’à la mort d’Aimery, Simon de Montfort l’a installé seigneur de Laurac, en récompense de sa participation à la croisade. Mais en 1221, il a fui devant la révolte des habitants.

Un autre enfant célèbre de Laurac fût PIERRE POUSSINES. Il est né à Laurac en 1609. Arès ses études, il devient jésuite, il enseigne d’abord à Toulouse puis à Rome où il devient précepteur du prince Orsini et de Gianfrancesco Albani qui sera pape (Clément IX) quelques années plus tard. Il est connu pour ses nombreuses traductions de textes latins et grecs. Il est mort à Toulouse en 1686.

Grand Rue début XXème siècle.

3 ) L’église

L’église primitive de Laurac est mentionnée dès 1137 alors que la dédicace Saint Laurent apparaît en 1177. A cette époque, elle était située au Sud du bourg, près du cimetière actuel. La tradition orale identifie l’église actuelle comme l’ancienne salle d’armes du château, mais la date de ce transfert n’est pas connue. On note dans les archives, en 1233, la prise de possession de l’archiprêtré de Laurac dont la collation appartient au chapitre de l’église métropolitaine de Toulouse. Et, en 1317, Laurac fait partie du Diocèse de Mirepoix et des treize communautés qui envoient à tour de rôle des délégués à l’Assemblée de l’Assiette du Diocèse. En 1491, est créée la confrérie Notre Dame à l’église de Laurac ; elle restera en vigueur jusqu’à la fin du XVIIIème siècle.

C’est au XVIème siècle que d’importants travaux sont entrepris dans l’église. La tour-clocher, ornée d’un écusson, malheureusement martelé à la Révolution Française, porte une inscription de 1555. La porte d’entrée, ornée d’un fronton et de pilastres cannelés date également de cette époque. Au XVIIème siècle, des modifications conséquentes dans le bâtiment rectangulaire et peu éclairé de l’ancien château montrent l’importance de la paroisse : les murs sont percés de plus grandes ouvertures, un arc triomphal roman est créé et des voûtes néo-gothiques s’appuyant sur des contre-murs sont construites. On y installe également un chevet à pans destiné à recevoir des soubassements en marbre et des lambris en bois ornés de quatre bas-reliefs en bois doré. Un maitre-autel en marbre, deux sculptures en bois doré, un somptueux retable et une peinture à l’huile sur toile de 3X2 m complètent cet ensemble.

Le XVIIIème siècle participa aussi à l’embellissement de l’église avec la grille de communion en fer forgé, des lustres en cristal, des chandeliers et un bénitier en marbre gris.

A partir du XIXème siècle, les travaux effectués dans l’église consistent essentiellement à réparer les outrages du temps : dans les années 1850, il fallut intervenir sur la toiture dont une partie de la dernière travée s’était écroulée, puis apporter, en 1874, des modifications à la toiture du clocher. En 1901, l’état de la toiture et du plafond bois se trouvaient dans un état catastrophique mais la séparation de l’église et de l’état de 1905 n’a pas permis de réaliser le projet ambitieux de restauration. Donc, le conseil municipal et le conseil de fabrique du village ont réparé à minima. La toiture et le plafond ont, bien sûr, continué à se dégrader jusqu’en 1955, date à laquelle ont eu lieu de gros travaux. Malheureusement, sans prendre de relevé de l’état antérieur, le plafond bois, les faux arcs en bois et les plaques en marbre formant pilastres ont été démoli.

Quoiqu’il en soit, l’édifice a été classé à l’ISMH le 27 avril 1948, à l’exception de la chapelle Sud, de la partie reconstruite du mur sud et de l’étage supérieur du clocher.

Entrée du village 1903

4) Les curiosités

En premier lieu, il faut citer la Porte Saliège qui gardait l’une des entrées du village et quelques restes de remparts visibles aux abords de la place des mares.

Jusqu’au XIXème siècle, plusieurs moulins fonctionnaient à Laurac. Il en reste 2 ruines dont l’une est en cours de mise en valeur, près du calvaire.

Le Mur dit de Blanche, rue du Château, les silos à grain du moyen-âge, rue de la Boulangerie qui ont été mis en valeur récemment sont d’autres curiosités du village.

Dans les archives, sont cités le Pech de Malemort où se dressaient 3 gibets quand la baylie de Laurac disposait des droits de justice haute et basse, notamment lors des massacres de la St Barthelemy et le hameau de Lauzil où était implanté le prieuré de St André.

Entrée du village 1913

 

Entrée du village 1936